Chronique de mai 2017 Savoir que l’on rêve quand on rêve Rêve lucide (partie 1)

Pratiquement tout le monde a déjà fait l’expérience d’un rêve lucide, au moins une fois dans sa vie (les études rapportent une prévalence comprise entre 50% et 100 % de la population générale... selon la définition retenue).


Par contre, les rêveurs lucides réguliers — les seuls à vraiment mériter le titre — ne représentent, quant à eux, « que » 20 % de la population (au premier rang desquels les enfants et les personnes en très bonne santé mentale), ce qui fait encore pas mal de monde...

Hormis cette impressionnante prévalence, l’intérêt pour le rêve lucide réside, surtout, dans le fait que nombre d’onirocrites, puis d’onirologues l’ont pris à témoin dans l’espoir de justifier leurs modèles théoriques respectifs.

Aujourd’hui, que dit la science à son sujet ?

Sur le plan descriptif, tout d’abord, il s’agit d’un rêve au cours duquel le dormeur sait pertinemment qu’il est en train de rêver. Ceci traduit un premier niveau de lucidité. Un pas plus loin, certains rêveurs lucides — pas tous — sont capables de modifier le contenu de leur rêve, à leur guise... Soit en écartant certains éléments aversifs (ce afin de rétablir un relatif bien-être [par neutralisation des mauvais rêves, ou des cauchemars]), soit en convoquant certains éléments appétitifs (afin d’accéder à un mieux-être)… « voler dans le ciel, comme un oiseau », semblant être l’élément appétitif n°1 (juste devant le sexe !) Ceci caractérise un niveau de lucidité supérieur. Enfin, les plus doués se montrent capables de prévenir un observateur au moment même où un rêve débute ou s’achève. Ils le font au moyen d’une séquence préétablie de mouvements oculaires (deux mouvements lents — comme si les yeux balayaient l’horizon — séparés d’un intervalle d’une dizaine de secondes, par exemple). Pourquoi des mouvements oculaires ? Parce que les rêves lucides se produisent exclusivement en REM (ibid.)… et, comme l’avons vu précédemment, seule la motricité oculaire (avec celle du diaphragme, bien sûr, nécessaire au maintien de la respiration) est préservée en REM. Et puisque ces mouvements séquentiels sont nettement plus lents que ceux, automatiques, générés par le REM, ils sont facilement repérables sur un tracé de sommeil… Ceci spécifie le niveau maximal de lucidité.

Isabelle Arnulf (neurologue et somnologue, responsable de l’unité de sommeil à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris), chercheuse de premier plan, utilise, pour sa part, une typologie encore plus fine :

- niveau 0 de lucidité : le rêveur est acteur de son rêve (il ne sait pas qu’il rêve),

- niveau 1 de lucidité : le rêveur est spectateur de son rêve (il assiste, en conscience, au déroulé
de son rêve),

- niveau 2 de lucidité : le rêveur est critique de son rêve (il peut se fâcher lorsque son rêve ne lui convient pas),

- niveau 3 de lucidité : le rêveur est scénographe de son rêve (il peut changer le décor de son rêve,
son pattern),

- niveau 4 de lucidité : le rêveur est scénariste de son rêve (il peut orienter l’intrigue de son rêve, en changer le cours).

À suivre, le mois prochain...


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