Chronique de septembre 2025 Rêver pour mieux vivre (Vivre pour rêver, partie 2)

Si, dans son rêve, un Sénoï était rentré en conflit avec un autre membre de sa famille, ou de sa communauté, il s’empressait d’aller trouver l’intéressé pour l’en informer, lui demander pardon, et, le cas échéant, tenter de réparer le « préjudice subi » !


À l’époque, psychologues et sociologues se sont pris de passion pour cette ethnie, d’autant qu’elle se singularisait par un très faible taux de névroses, de psychoses et de criminalité !

En outre, alors qu’ils partageaient pourtant leur territoire avec une quinzaine d’autres tribus perpétuellement en guerre, les Sénoïs n’affichaient, pour leur part, aucune intention guerrière !

Tout paraissait donc indiquer que « vivre pour rêver » — ce qui était leur lot quotidien — rimait avec « rêver pour mieux vivre » !

Se souvenir de ses rêves, les raconter, les interpréter — tout cela, collectivement —, puis agir dans le monde réel en conformité avec les leçons tirées de tout ce processus, semblait constituer un puissant outil de cohésion et de paix sociale, ainsi qu’un sacré gage de santé mentale.

C’était l’avis de Kilton Stewart, du moins, l’anthropologue qui fit connaître les Sénoïs à la face du monde… et qui eut, le premier, l’idée de transposer leurs techniques oniriques dans le champ de la psychothérapie.

Aujourd’hui, cependant, les travaux de Stewart — tout comme ceux de Garfield, du reste — sont sérieusement remis en cause. Par William Domhoff, notamment. Les conclusions desdits travaux sont donc à manier avec prudence.

Mais souvenez-vous des préceptes épistémologiques mentionnés précédemment : un des piliers de toute démarche scientifique est le principe de réfutabilité. Pour mériter le qualificatif de scientifique, une théorie doit donc toujours pouvoir être invalidée.

De plus, le nombre de Sénoïs s’étant considérablement réduit au cours du XXe siècle, il est devenu extrêmement difficile, aujourd’hui, d’infirmer (ou de confirmer) quoi que ce soit...

D’autant que les anthropologues s’accordent à dire que les Sénoïs sont devenus très prudents, aujourd’hui, avec les étrangers : ils cachent, jalousement, leurs coutumes, désormais.


© Roland Pec | | Plan du site |

Réalisation : Mieux-Etre.org